Marxa mapuche

graf mapuche[cliquer sur la photo pour l’agrandir et la voir nette]

Concepción se situe au niveau de la frontière nord du pays mapuche. Ce nom, qui en langue mapudungun signifie « peuple de la terre« , est celui d’une minorité ethnique chilienne (actuellement 4 % des habitants du pays), constituant 87 % des indigènes du pays. Ce rapport de chiffres en dit déjà long sur le sort qui leur a été réservé. Tout comme est représentative cette connotation que se traînent encore ces termes d' »indigènes », d' »aborigènes », d' »autochtones ». Certains les appellent également « Indiens »… Finalement le terme de « sauvage » n’est jamais loin.

Et c’est justement le cœur du problème.

Ici, comme finalement partout ailleurs, il s’agit d’une minorité en lutte pour revendiquer ses droits les plus essentiels : ceux figurant dans la déclaration des Nations-Unies sur les droits des peuples autochtones (à lire ici). Ce sont ceux également sur lesquels est basée la convention 169 de l’OIT relative aux peuples indigènes et tribaux (à lire ici), théoriquement entrée en vigueur au Chili en 2009, 20 ans après sa promulgation.
L’histoire du Chili, dont on fête le 18 septembre prochain le bicentenaire de l’indépendance, est une succession de colonisations. Si l’on se prépare à l’anniversaire de la fin de la domination espagnole, la construction du pays s’est pourtant réalisée autour d’une autre colonisation : celle des descendants des colons (les « Chiliens » des livres d’histoire) vis-à-vis des Mapuches principalement.

L’histoire mapuche depuis la fin du XIXe siècle est donc celle, si commune, d’un peuple dont on veut faire taire absolument la singularité pour mieux construire une identité chilienne, finalement artificielle sans sa diversité, autour d’un drapeau. C’est celle d’un peuple dont on a volé les terres pour permettre l’implantation de colons (aux volontaires partants s’installer dans les régions d’Araucanie était livré un pack contenant des planches, des clous, des graines voire un couple de bœufs et… des armes, fusils ou machette, pour lutter contre les autochtones), ou pour permettre, encore aujourd’hui, des plantations intensives de pins et d’eucalyptus (deuxième manne financière du pays après les mines). C’est l’histoire d’un peuple qui gêne par ses valeurs si éloignées de celles autour desquelles est bâti le Chili moderne…

Aujourd’hui, les Mapuches se livrent à une lutte de revendication identitaire à travers de nombreuses manifestations. Elles sont particulièrement nombreuses en ce moment, pour défendre la trentaine de prisonniers en grève de la faim. Elles s’organisent discrètement. On est prévenu par des inscriptions rapidement écrites sur les murs, le bouche à oreille faisant le reste.
Celle-ci avait lieu le 2 août, et comme souvent partait de la plaza Peru…

~ par Alexandre Magot sur 7 septembre 2010.

Une Réponse to “Marxa mapuche”

  1. toujours aussi bien écrit ces moments de vie au Chili
    Anecdote personnelle : en voyant les colibri au Brésil dans le jardin de la pousada, MA et moi étions tous émerveillés. Là bas pourtant rien de plus commun. Je ne te parle même pas des Orchidées qui fleurissaient et poussaient allégrement dans les jardins.

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